Un grand document littéraire au coeur de l'action dans le Donbass.
"LE MONDE" du 16 mars 2018
Sortie du livre : 15 février 2018
EXTRAIT DE LA PRÉFACE DE MONIQUE SLODZIAN
Avec ce récit, Prilepine se fait le premier mémorialiste de la guerre civile qui étreint aujourd'hui le Donbass et ravage moralement l'Ukraine. Mémorialiste dont la plume est guidée par une conscience aigüe de la justice, au prix d'une part de partialité qu'il assume.
Il sait comment on a poussé les gens du Donbass au désespoir et misé sur leur insurrection pour écraser la région rebelle, <<cauchemar des bourgeois >> et <<avant-garde du monde russe>>.
S'il a pris parti pour le Donbass, c'est pour l'une et l'autre raison, à la fois comme militant antilibéral et comme patriote russe. Aux antipodes de l'écrivain à gages du Kremlin calomnié par ses ennemis. La suspicion est simplement stupide qund on connaît son intégrité et les principes moraux qui fondent son rêve d'une nouvelle Russie. ...///...
Le personnage principal du récit, c'est Alexandre Zakhartchenko (assassiné le 31 août 2018) président-capitaine de la République populaire de Donetsk et enfant du pays.
Aucune chance de trouver ailleurs un portrait aussi fouillé et aussi sensible car l'homme le plus populaire du Donbass fuit les médias par choix et par nécessité. Par ascétisme d'une côté, et, de l'autre, parce qu'il est à chaque instant en danger de mort. Il a réchappé par miracle à quatre attentats. Et surtout, il n'a pas une minute à perdre car il conduit à la fois la guerre et l'économie. Grâce à lui, salaires et retraites sont payés chaque mois.
On remarquera que, subtilement, le récit rend le rythme effréné des journées de ce chef de guerre-chef d'Etat si singulier, doué d'une prodigieuse énergie et de vertus d'un autre âge. Interview par intermittence, dialogues et récits entrecoupés, écriture << à la diable >>, parfois le rythme haletant de la chronique épouse celui de la guerre. ...///...
Cependant Prilepine ne se contente pas de chroniquer la guerre vue d'en haut. Il donne la parole aux femmes et aux hommes piégés sous les bombardements de Donetsk. Un peuple de mineurs que la peur n'arrête pas et qui s'organise mieux que les bourgeois de province. Il rend un hommage particulier aux quadragénaires car << la génération des vingt-trente ans s'est pissée dessus >>.
Les observations sociologiques émaillant le récit tordent souvent le cou aux stéréotypes. Sur << la première ligne de résistance des temps nouveaux >> que représente pour lui le Donbass, on ne trouve certainement pas le gratin qui << a pris la poudre d'escampette >> et rêvait que l'aventure fasse un flop.
En revanche, note-t-il, le Donbass a connu une révolution de la classe moyenne. C'est elle qui s'est retrouvée à l'avant-scéne des événements de Donetsk, de Crimée et de Lougansk. Parce qu'au Donbass, elle veut l'indépendance.
Argument paradoxal à nos yeux d'Occidentaux : serait-ce vraiment l'espace de l'ex-URSS ou de la CEI, qui garantirait l'indépendance aux habitants du Donbass ? Si l'on considère le climat d'hystérie nationaliste et xénophobe qui règne en Ukraine et la prépotence de ses oligarques, l'appréciation n'est pas déraisonnable.
N'oublions pas que c'est le déni du droit à l'apprentissage de la langue russe à l'école qui a mis le feu aux poudres dans les régions russophones d'Ukraine.
Les tentatives d'ukrainisation forcées y sont vécues comme une répression intolérable de l'identité linguistique et culturelle. La résurgence du néonazisme a fait le reste.
La résistance est bien à la mesure de la répression. C'est ainsi qu'au Donbass la population a elle-même remis en route la machine d'Etat, que les rebelles ont occupés les demeures des riches industriels et que Zakhartchenko a tenu tête à Rinat Akhmetov, troisième fortune d'Ukraine. Sans compter que les Russes qui y viennent ne sont nullement perçus comme des conquérants, à la différence des Américains ou des Polonais en Ukraine occidentale.
A l'évidence, Prilepine ne peut nous donner le fin mot d'un conflit qui n'en finit pas. Un conflit gelé qui continue à faire des victimes parmi les civils et les combattants du Donbass, mais aussi chez les soldats ukrainiens, traités comme chair à canon par leur gouvernement.
L'envoi de casques bleus peut-il contribuer à ouvrir un processus de paix qui respectera la volonté d'indépendance du Donbass ? Prilepine ne semble pas en mettre sa main au feu tant il craint la montée de l'hystérie nationaliste à l'ouest à la faveur d'un nouveau coup d'Etat.
Le peuple du Donbass veut la paix. Seule la paix permettra de reconstruire la région et peut-être, un jour, de créer la Novorossia, dont le coeur sera l'union des républiques populaires de Donetsk et de Lougansk.
L'écrivain combattant Zakhar Prilepine fait la guerre pour que la paix revienne et que l'espoir d'une autre société se lève enfin.
Préface de "Ceux du Donbass" (Extrait)
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Intéressante interview de Zakhar Prilepin sur FRANCE CULTURE, en direct du Salon du Livre de Paris, le 16 mars 2018.
Prilepine parle de son dernier livre CEUX DU DONBASS, au micro de Florian Delorme, dans l'émission Cultures Monde.
A RÉÉCOUTER ICI :
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Extraits d'un long article de 4 pages d'Olivier Maulin, dans Valeurs Actuelles du 22 / 02 / 2018 :
Zakhar Prilepine donne un autre son de cloche sur les évènements en cours dans le Donbass. Il combat avec sa plume et son fusil.
<< Si faire la guerre est beaucoup plus intéressant qu'écrire des livres >>, Prilepine n'oublie pas pour autant qu'il est écrivain.
Avec ses portraits héroïques de combattants, de simples habitants ou de femmes journalistes bravant tous les dangers, CEUX DU DONBASS donne ses lettres de noblesse à l'insurrection armée des républiques de Donetsk et de Lougansk. Des hommes et des femmes qui défendent leur terre et refusent de subir l'humiliation d'un gouvernement qui les a reniés.
Prilepine revient aux origines de la littérature, qui est célébration des héros.
Le seigneur de guerre Arseni Pavlov, dit "Motorola", roulant dans un 4/4 troué par les impacts de balles en écoutant du rap russe à fond la caisse ou le président autoproclamé de la république de Donetsk, Alexandre Zakhartchenko, rêvant de créer une monarchie soviétique avant de quitter précipitamment son Conseil des ministres pour rejoindre la ligne de front sont des figures qui resteront gravées dans les esprits.
Zakhar Prilepine a d'ores et déjà gagné la guerre de la littérature.
OLIVIER MAULIN
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Interview de Prilepine dans L'Incorrect
"Il est l’Hemingway du XXIe siècle.
Chef de file des jeunes "enragés" de la littérature russe, Zakhar Prilepine a ressorti son fusil lorsque l’Ukraine du Maïdan est arrivée aux portes du Donbass.
De cette expérience, il a tiré un fabuleux témoignage : CEUX DU DONBASS.
Nous l'avons interviewé."
Thierry Thodinor - L'Incorrect (mars 2018)
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Lire ici la page de Wikipedia consacrée à "Ceux du Donbass".
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VOIR CETTE PAGE TRÈS COMPLÈTE SUR ZAKHAR PRILEPINE :
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Pour vos réflexions et critiques :
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