*** 1er extrait sélectionné
par Pablo Iglesias (Limonov à son arrivée à New York)
Quelques jours plus tard, il leur fait livrer un poste de télévision, pour qu’ils progressent plus vite en anglais. Quand ils le mettent en marche, Soljenitsyne apparaît, invité unique d’un talk-show exceptionnel,
et c’est un des meilleurs souvenirs de la vie d’Édouard que d’avoir enculé Elena à la barbe du prophète qui haranguait l’Occident et stigmatisait sa décadence.
*** 2ème extrait
(à propos de Trotski, dont se souvient un vieux journaliste russe, qui l'a connu quand il vivait à New-York)
Lev Davidovitch (Trotski), raconte le vieillard à qui veut bien l’écouter, habitait dans le Bronx et vivait de bouts de chandelles en donnant des conférences sur
la révolution mondiale devant des salles vides. Les serveurs des petits restaurants où il prenait ses repas le détestaient, parce qu’il jugeait offensant pour leur dignité de laisser des pourboires. En 1917, il a acheté
à tempérament pour 200 dollars de meubles, puis disparu sans laisser d’adresse et, quand la société de crédit a retrouvé sa trace, il commandait l’armée du plus grand pays du monde.
*** 3ème extrait
(La "légende dorée" de Sakharov exaspère Limonov)
Limonov s’enferme donc deux jours pour expliquer, d’une plume rageuse et drôle,
que les dissidents sont des types coupés du peuple, ne représentant qu’eux-mêmes et, dans le cas de Sakharov, les intérêts de leur caste, la haute nomenklatura scientifique.
Que si par aventure ils arrivaient au pouvoir, eux ou des politiciens acquis à leurs idées, ce serait une catastrophe, bien pire que la bureaucratie actuelle. Que la vie en Union soviétique est grise et ennuyeuse,
mais ce n'est pas le camp de concentration qu’ils décrivent.
Enfin, que l’Occident ne vaut pas mieux et que les émigrés, dressés par ces irresponsables contre
leur pays, se font cruellement avoir en le quittant, car la triste vérité est qu’en Amérique personne n’a besoin d’eux.