MIEUX COMPRENDRE L'UKRAINE D'AUJOURD'HUI

PARU EN FÉVRIER 2017

 

L'UKRAINE depuis le procès Schwartzbard-Petlioura (1927)  

 

Monique Slodzian

Editions de la Différence

 

 

Un livre très documenté sur un procès qui eut un retentissement comparable à celui de l’Affaire Dreyfus.

 

 

  

             PRÉSENTATION DE L'ÉDITEUR

 

Le 25 mai 1926, à Paris, un Juif russe naturalisé français, Samuel Schwartzbard, assassine Simon Petlioura, l’ancien président ukrainien, de 1918 à 1919.

Il le tient pour responsable du massacre de dizaines de milliers de Juifs lors de pogromes organisés par l’armée indépendantiste ukrainienne dont Petlioura est l’ataman général.

À l’époque, ce procès a fait la une de la presse internationale.

Samuel Schwartzbard fut acquitté par les jurés de la Cour d'Assises de Paris, le 26 octobre 1927.
En dépit du verdict d’acquittement, Schwartzbard reste pour les Ukrainiens "l’assassin à la solde de l’ennemi de l’Ukraine indépendante".

 

Monique Slodzian nous restitue les tenants et les aboutissants de ce procès historique et nous rappelle la part obscure de ce nationalisme ukrainien défendu par l’Union européenne comme une pure aspiration à la liberté.  

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Monique Slodzian était l'invitée de Charles Ficat, dans "L'Amour des livres", sur FRÉQUENCE PROTESTANTE le samedi 1er avril 2017, à 17h.

Le responsable de ce site, José Sétien, est aussi intervenu.

 

      POUR RÉÉCOUTER L'ÉMISSION :

http://frequenceprotestante.com/diffusion/lamour-des-livres-du-01042017/

 

 

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CE SITE EST CONSACRÉ A EDOUARD LIMONOV (et ses disciples)

Il actualise le livre d'Emmanuel Carrère, avec photos, vidéos rares, et quantité d'informations inédites et vérifiées. (2019) 

Voir la 1ère page, très riche, ici : 

     http://www.tout-sur-limonov.fr

 

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Le livre de Monique Slodzian permet également de mieux comprendre l'Ukraine d'aujourd'hui.

 

 

 

              VOICI LA PRÉFACE :

      Préface à une histoire franco-ukrainienne

 

L'histoire de l'Ukraine en 2016 ne tombe pas du ciel. Pas plus que ses guerres. Son cadastre même n'est pas assuré : depuis peu, la Pologne songe elle aussi à revendiquer des territoires à l'ouest et ses voisins hongrois et roumain ne sont pas en reste.

Face à ces menaces et au chaos économique qui la mine, l'élite au pouvoir promulgue des lois mémorielles censées réarmer la conscience ethnique de la nation.

 

Efflorescence de monuments et de panthéons qui puise autant dans les récits héroïco-tragiques des lointaines épopées cosaques que dans les conflits et malheurs contemporains - les deux guerres mondiales, la guerre civile de 1917 à 1921, la domination polonaise, la "colonisation" soviétique - d'où ressort le portrait d'une nation-martyre, éternelle victime des politiques impériales de ses voisins (la Pologne, l'Allemagne, et, plus que tout, la Russie).

 

Ce pot-pourri de narrations unilatérales tient lieu d'histoire, laissant dans l'ombre les pogromes et les autres crimes imputables aux nationalistes ukrainiens à différentes périodes de l'histoire.

 

Oubliant aussi que l'Ukraine a un rôle éminent dans l'histoire de l'URSS à laquelle elle a fourni des dirigeants et des cadres de premier plan (mais qui, à l'époque, se souciait de la nationalité ?).

 

Certes, nous savons que toute mémoire nationale est un tissu composite de légendes et de faits établis, retouché au gré des nécessités politiques, de sorte que "rien n'est aussi prévisible que le passé" disait Sartre.

Pas de pouvoir politique qui n'ait arrangé, glorifié le passé et effacé les épisodes dérangeants afin de nourrir la piété nationale et d'obtenir la paix sociale. A ceci près qu'en Ukraine, le processus de blanchiement de l'histoire se fait en grand et au grand jour. Depuis les évènements de Maïdan en 2013, il atteint un degré d'intensité inédit.

 

Les archives nationales ont été transférées en totalité à une organisation créée par le président Porochenko en 2015 : L'Institut national ukrainien de la mémoire.  

Elles ont été confiées à l'historien nationaliste Volodymir Viatrovytch, maître internationalement reconnu en matière de falsification de documents.

C'est ce jeune croisé qui a la charge de "mettre en oeuvre la politique d'Etat en matière de restauration et de préservation de la mémoire nationale du peuple ukrainien".

 

Le premier paradoxe de l'Ukraine actuelle tient donc au fait qu'elle proclame s'émanciper de l'idéologie stalinienne alors qu'elle en mime les pires excès.

En prétendant effacer les traces, elle applique des techniques d'oblitération mémorielle d'une violence inégalée : depuis lors, ce sont des milliers de villes, de bourgs et de rues rebaptisés, de statues déboulonnées.

Légalisée par les lois mémorielles de 2015, la campagne officielle de "décommunisation", chasse aux sorcières visant tout citoyen suspecté d'opinions pro-russes et/ou pro-communistes, est devenue affaire d'Etat.

L'idéologie identitaire sur laquelle repose cette vision étroitement nationaliste d'un Etat-nation propriété d'un peuple ("l'Ukraine aux Ukrainiens") nie la réalité multiethnique et multi-culturelle de l'Ukraine.

 

L'opération "table rase" du passé communiste commencée dès les premiers jours de l'indépendance en 1991 va de pair avec la reconstruction d'une imagerie nationale qui glorifie en grande pompe les collaborateurs des nazis de la dernière guerre mondiale.

En Ukraine même, nombreux sont ceux qui s'indignent de ces réhabilitations sans vergogne. Mais la campagne atteint bel et bien son objectif en rendant le passé inintelligible et en imposant au public une saga identitaire dissimulant les pages honteuses de l'histoire ukrainienne.

Une grande partie de la population, surtout à l'ouest et au centre du pays, se trouve ainsi sous l'emprise du mirage des récits héroïques et des rituels commémoratifs aux relents fascistes.

 

Les médias occidentaux font semblant de ne pas voir la logique politique du simulacre. Ils entretiennent le silence sur l'ampleur du phénomène négationniste quand ils ne s'emploient pas à le minorer, voire à l'excuser. Quitte à aggraver les conflits en cours et à prendre le risque d'étendre la guerre. Même de "basse intensité", l'interventionnisme occidental est récidiviste en Ukraine comme ailleurs.

 

Nous avons couplé le passé et le présent de l'Ukraine sans entrer frontalement dans le conflit russo-ukrainien, mais en optant pour un angle d'attaque franco-ukrainien qui fournit au lecteur des références communes.

 

 

Le point de départ en est un évènement retentissant qui connecte durablement la France et l'Ukraine : l'assassinat en 1926 du président de la première République populaire d'Ukraine, Simon Petlioura, au coeur de Paris. 

L'assassin est Scholem Schwartzbard, un émigré juif-ukrainien, témoin des massacres antisémites qui ont fait quelque 60.000 victimes entre 1917 et 1921, en particulier pendant la période où Simon Petlioura était chef de l'armée insurectionnelle, puis chef du gouvernement de l'Ukraine indépendante en 1919.

Le généralissime Petlioura étonna alors le monde en annonçant au "peuple ukrainien" que "les Moscovites étaient les ennemis séculaires des Ukrainiens."

 

Le procès qui suivit en 1927 étonna le monde par la qualité des témoignages et de la documentation qu'il mobilisa et plus encore par son verdict : l'acquittement de Schwartzbard.

Ce verdict spectaculaire qui signait la reconnaissance des crimes antisémites des nationalistes des années 20 n'a jamais été accepté par les leaders nationalistes ukrainiens de la diaspora.

Depuis 1991, dans la nouvelle Ukraine, il constitue une offense inexpiable à la dignité nationale et la réouverture du procès de Paris est régulièrement réclamée par les leaders nationalistes.

Pour obtenir la complète consécration de celui qu'ils considèrent comme le père de la nation, s'impose à leurs yeux la révision d'un procès "manipulé par Moscou".

 

Quatre-vingt-dix ans se sont écoulés et il n'y a toujours pas trace de repentance vis-à-vis de cette première shoah.

Le mur de silence n'a pas davantage été ébranlé par la grande shoah de 1941 à 1945 qui s'est déroulée sur le triangle maudit des camps de la mort entre Lviv et Auschwitz, avec la participation de nombreux collaborateurs ukrainiens aujourd'hui vénérés.

 

L'après-guerre a vu la reconstitution d'une diaspora ukrainienne au Canada et aux Etats-Unis, sous la houlette d'anciens collaborateurs nazis protégés par les présidences républicaines successives, d'Eisenhower à Bush.

Elle a activement  contribué à la politique de rémission des crimes contre l'Humanité perpétrés sur le territoire de l'Ukraine et à la réécriture de son histoire.

Elle a également fourni pléthore d'agents antisoviétiques pendant la guerre froide et des cadres idéologiques mis au service de la nouvelle Ukraine indépendante en 1991.

 

La fin de la guerre de 14 et les révolutions russes de février et d'octobre 1917 ont autorisé l'ingérence de l'Occident dans les territoires du sud de la Russie.

Ainsi, deuxième connexion entre la France et l'Ukraine, l'intervention des Alliés franco-britanniques, qui promettait à la France une colonisation du Donbass et de ses mines, convoitées par les complexes industriels de l'époque.

L'épisode de l'intervention militaire contre les Soviets en 1919 - à laquelle la révolte des marins français donne un coup d'arrêt provisoire - constitue une page de l'histoire de France jugée innoportune et donc largement effacée de nos mémoires.  Les deux personnages de ce récit, Petlioura et Schwartzbard, y jouent pourtant un rôle important, dans des camps opposés bien entendu.

 

C'est par ces filiations oubliées que le procès de Paris nous fait entrer de plain-pied dans l'histoire mouvementée de l'Ukraine contemporaine. Les questions qu'il a posées restent d'actualité, quelles qu'aient été, et que demeurent, les tentatives de les nier ou de les escamoter.

Le procès de Schwartzbard devenu celui de Petlioura est une affaire non classée dont nous reprenons ici le fil. Il est en effet une clef pour la compréhension de l'histoire de l'Ukraine qui a pris le déni pour enseigne.

                                                                       Monique Slodzian

 

Monique Slodzian est professeur à l’Institut national des langues et civilisations orientales.

Spécialiste de la Russie et de la littérature russe contemporaine, elle  a publié aux Editions de la Différence "Les Enragés de la jeune littérature russe"dont la figure centrale est Zakhar Prilepine, également publié à La Différence. 

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Le "JOURNAL D'UKRAINE" de Zakhar Prilepine, traduit par Monique Slodzian, est également sorti en février 2017. 

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PAGE TRÈS COMPLÈTE SUR PRILEPINE (en français) :

http://www.tout-sur-limonov.fr/371489332

 

 

 

Un excellent reportage sur le Donbass, à lire dans LE MONDE DIPLOMATIQUE du mois de mai 2017 :

Le Donbass apprend à vivre sans Kiev

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Interview de Zakhar Prilepine dans les Izvestia, le 30 mars 2017 :

http://izvestia.ru/news/673151 

 

 

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