Saviez-vous que la «guerre hybride» d'aujourd'hui contre l'Ukraine, tellement cynique, avait été décrite avec précision par Edouard Limonov en 1997 dans son livre ANATOMIE DU HÉROS.  

 

Difficile de croire que les ressemblances entre le scénario mis au point par Limonov et le cours réel de la guerre en Ukraine soient purement accidentelles. 

Je suis sûr que l'un des organisateurs de l'invasion de l'Ukraine, le bibliophile et misanthrope Vladislav Sourkov, l'âme damnée de Poutine, a lu le livre de Limonov,  ANATOMIE DU HÉROS.

 

Voici les étapes armées, et  la guerre de l'information contre l'Ukraine imaginées par Limonov en 97 et exécutées par Poutine:

 

  • provocation de conflits, et déstabilisation de la zone concernée
  •  Falsification de l'information dans les médias russes,
  • semer la panique parmi la population locale, avec des rumeurs, en jouant sur l'hystérie de masse,
  • implication dans la guerre de la population locale, avec de fausses informations sur les menaces à leur encontre,
  • armer les personnes qui se croient dupées par le pouvoir ukrainien
  • participation à la guerre de troupes régulières, sous le couvert de «milices» et de bénévoles locaux ( c'est le seul point qui ne figure pas dans l'article de Limonov)
  •  
  • le recours à la guerre pour résoudre les problèmes politiques de celui qui a initié la guerre (Limonov voulant renverser le gouvernement russe, Poutine voulant renforcer son pouvoir).

 

Le type de conflit armé décrit par Limonov en 1997 et mis en œuvre par Poutine en 2014, peut être appelé la guerre postmoderne dans laquelle c'est la "queue qui remue le chien" :  les médias et la propagation des rumeurs ne décrivent pas les événements mais les façonnent.

 

Le détonateur de la guerre dans le Donbass : les rumeurs provocatrices de l'imminence d'un massacre de la population russe  par les "Banderistes".

 

 Limonov a proposé de provoquer une guerre en fabriquant des «preuves» d'assassinat en masse des Russes par les forces de sécurité ukrainiennes. 

 

Lisez l'article de Limonov et comparez avec les événements réels de ces derniers mois.

 

Limonov proposait en 1997 de récupérer auprès des morgues locales " 50-100 cadavres plus ou moins jeunes . " « Conduire à l'endroit où les cadavres sont retrouvés un groupe de journalistes, russes et étrangers.  Face à cette tranchée de cadavres sanglants et demi enterrés, les journalistes commencent à préparer fébrilement leurs articles. Et puis, arrivée de la télévision et les photographies de ces 50 à 100 cadavres  vont produire un choc énorme sur l'opinion publique russe. Avec Des titres comme " Les forces spéciales russes ont déterré 93 corps d'adolescents, dont une jeune fille de 13 ans "

 

Tout cela n'est-il pas exactement la guerre  de l'information menée aujourd'hui par les russes contre l'Ukraine. Rappelez-vous l'histoire du "garçon crucifié», et la sinistre farce de la découverte de charniers "des victimes de l'armée ukrainienne."

 

Limonov avait prévu avec précision l'effet d'une provocation d'information anti-ukrainienne à grande échelle. 

Et c'est ce qui est arrivé quinze ans plus tard.

 

" La Russie, frissonnante,  croit évidemment au crime ... et comme la télévision russe est reçue en Ukraine , c'est évidemment la panique et l'horreur parmi les 11 millions de russes vivant en Ukraine." 

 

La suite du scénario prévu par Limonov est la distribution d'armes pour provoquer une escalade du conflit.

Des armes qui seront faciles à distribuer à la jeunesse sur les plages de Yalta et Feodosia, avec des passeports russes, et cela pendant l'été 99  " ajoutait l'écrivain dans son texte de 1997.

 

Les services secrets de Poutine ont suivi la prescription de Limonov, en versant  de l'essence sur le feu de la guerre dans le Donbass, en distribuant des armes à gauche et à droite - à tous les aventuriers "cosaques", bénévoles", etc.

 

Tout cela prouve que Limonov a très clairement énoncé une nouvelle méthodologie pour l'organisation de la guerre.

  

Pour Limonov, comme pour Poutine, l'Ukraine est sans importance.

 

Le but principal de leurs "projets" est la  Russie. Limonov rêvait d'organiser la rébellion en Crimée pour la déplacer ensuite vers Moscou. Pour Poutine, l'aventure de la  Crimée et du Donbass était un moyen de renforcer sa dictature personnelle.

 

 Comme l'écrivait Limonov à l'époque : " Il est entendu que le conflit entre la population russe et  et les forces ukrainiennes d'occupation n'est pas une fin en soi, mais seulement la première étape de la nécessité inévitable d'un soulèvement armé pour le changement de pouvoir à Moscou ... Doivent aller en Crimée tous qui ont combattu en Transnistrie, en Serbie, en Tchétchénie . Ces personnes sont maintenant des dizaines de milliers ".

 

Poutine a donc ponctuellement réalisé en Crimée et au Donbass  le scénario mis au point par Limonov. Des dizaines de milliers de militants armés sont à l'oeuvre dans une enclave sans lois sur la frontière russo-ukrainienne. 

 

Et il y a le risque de voir se réaliser  un autre rêve de Limonov  : que ces militants soient le détonateur de la révolution en Russie elle-même, que « la Crimée ( aujourd'hui le Donbass)  soit notre Sierra Maestra, et nous arriverons à notre La Havane, Moscou"

 

En utilisant "la procédure Limonov",  Poutine a oublié ce but initial.  La mise en œuvre de ce scénario pourrait maintenant  se retourner contre le dictateur qu'il est, le frappant de plein fouet.

 Poutine est parvenu pour l'instant à utiliser la guerre pour consolider son pouvoir. Mais il n'est pas exclu que cette guerre enterre son régime. 

 

En tout cas, tous ces voyous du Donbass, équipés d'armes modernes,  ne vont pas s'arrêter là, pour sûr : tôt ou tard, leur objectif sera la Russie.

                                                                    Igor Eidman  

                                                                           2014